Mise à jour du 12-02-06 (3)
Il reprit à nouveau le combiné et composa un autre numéro, que là encore il avait l'habitude de faire auparavant. Mais cette fois, c'était peut-être la dernière.
- Bonjour Sonia, c'est Noah.
- Ah Noah! Ca fait longtemps dis donc! Tu vas bien?
- Ca pourrait aller mieux. Il faudrait que je te parle.
- Hum... ça sent mauvais ça pour moi je crois.
- Je préfèrerais qu'on en parle face à face.
- Ok, j'arrive Don Juan!
- Oui à tout à l'heure.
Il fallait qu'il mette au clair tout ce qui ne l'était pas encore afin d'être convaincant et logique auprès de Léa. Quitter Sonia en faisait partie, mais il ne voulait pas faire ça par téléphone. Même si elle se doutait à présent de la raison de son appel, il était quand même préférable qu'ils en discutent concrètement et qu'il lui explique les raisons pour lesquelles il voulait que leur histoire cesse.
- Alors, quelle est la raison pour laquelle tu ne veux plus de moi Casanova?
- Arrête de m'appeler comme ça.
- C'est pourtant bien vrai non? Ne me prends pas pour une idiote, je sais très bien que tu avais plusieurs conquêtes en même temps.
- Eh bien ce n'est plus le cas à présent.
- Oui mais pourquoi? Plus personne ne veut de toi? Et je ne suis pas assez bien moi?
- Ne dis pas de bêtises. C'est sérieux.
- Toi, sérieux? Laisse-moi rire!
- Sonia arrête! C'est à propos de Léa.
- Ah? Qu'est-ce qu'elle a encore celle-là? Ca fait des jours qu'elle ne veut plus me parler et qu'elle est triste et patati et patata.
- Eh bien elle a de bonnes raisons figure-toi.
- Et lesquelles?
- Elle est... enceinte.
- Ah ah ah! La bonne blague! Allez, tu peux me dire pourquoi sans inventer des trucs bidons!
- C'est vrai.
- Quoi? Tu l'as mise enceinte??
- Heu... oui c'est à peu près ça.
- Mais c'est déguelasse!
- Ben ça dépend. Tu ne connais pas les choses, alors arrête de m'insulter déjà!
- Mais ce que je sais, c'est que tu as couché avec elle! Et pas avec moi!
- Hum, tu pourrais parler un peu moins fort?
- Mais c'est pas juste! Je savais que tu étais avec elle en même temps que moi, et parce que je t'aimais, je l'ai accepté. Mais avec moi, tu n'as jamais rien fait!
- Eh bien non.
- Donc tu l'aimes et pas moi c'est ça?
- Je... Oui je l'aime.
- Et pas moi!
- Je... disons que je ne t'aime plus comme avant. Je suis désolé. Ca ne veut pas dire que je ne t'ai jamais aimé.
- Mouais, c'est toujours ce qu'on dit quand on plaque quelqu'un.
- Pardonne-moi Sonia, j'aurais dû être clair plus tôt. Je suis désolé, je m'excuse. Je sais que ça ne vaut pas grand chose, mais j'espère que tu les accepteras quand même.
- Mouais... Bon, je crois que je n'ai plus rien à faire ici. J'ai besoin de temps, donc je ne sais pas quand on se reverra. Bye Noah, et bonne chance!
- Merci Sonia.
Ils s'embrassèrent amicalement avant que Sonia ne rentre chez elle. Noah n'était pas très fier de tout ce qu'il avait fait. Ses deux premières expériences sans son don n'étaient pas très convaincantes, mais il n'abandonna pas pour la cause. Il savait que les jours et même les mois à venir seraient difficiles. Mais il était à présent prêt à payer ce prix pour garder auprès de lui celle qu'il aimait.
Léa, de son côté, voulait parler de tout cela avec son père. Maintenant que sa colère était passée, elle savait qu'elle pouvait compter sur lui pour la conseiller et la soutenir, même si sa décision était presque certaine. Après tout, il était le fils au départ non désiré, et il était bien placé pour savoir ce que pensait sa mère.
- Ah ma petite Léa, il a fallu que tu fasses la même erreur que ma mère. Mais finalement j'ai réfléchi, et même si je suis très inquiet pour ton avenir, je ne t'en veux pas.
- Ah bon? Pourtant ce n'est pas ce que tu disais lorsque je t'ai annoncé la nouvelle.
- As-tu pris ta décision? Car moi j'y ai réfléchis. Mais je ne veux pas t'influencer.
- Je crois que oui.
- Bien. Ne me dis pas maintenant ce qu'il en est.
- Ca a été très dur, et ça le sera encore. Mais je dois assumer.
- Oui ce sera dur, quelle que soit la décision que tu choisis. Mais sache que si au fond de toi tu es convaincue de ce que tu fais, alors tu ne le regretteras pas. Certes, tu garderas toujours une blessure si tu décides d'avorter, ou bien tu auras tous les jours ton enfant en face de toi, et ce ne sera pas simple. Mais tu sauras que tu as pris la bonne décision en "profitant", si j'ose dire, des conséquences heureuses de ce choix. Oui ce sera difficile, mais n'oublie pas qu'il y a aussi des conséquences positives, quelle que soit ta décision.
- Ah bon? Et lesquelles?
- Eh bien, si tu ne gardes pas ce bébé, ce qui je pense est le choix le plus difficile à faire, tu pourras faire ta jeunesse et ta vie. Je sais que c'est malheureux à dire, mais ce bébé t'empêche de poursuivre ta vie comme tu l'entends. Si tu choisis cette solution, tu pourras faire des projest d'avenir. Par contre, si tu choisis de le garder et de l'élever, tu seras heureuse parce que tu auras un enfant. Oui, ce n'est pas facile tous les jours, et oui il te faudra faire de nombreux sacrifices. Mais je pense que le bonheur que peut apporter un enfant égale largement les soucis qu'ils peuvent amener. Alors tu vois Léa, ton choix n'est pas simple, mais il y a des bonnes et des mauvaises choses des deux côtés, à toi de voir lesquelles tu préfères. Tu as le choix, ce n'est pas le cas de tout le monde. Alors penses-y et prends ta décision.
- Si j'avais su...
- Tu n'aurais pas couché avec Noah?
- Oui exactement.
- Mais il est trop tard pour penser comme ça. Alors accepte la situation, ça te permettra d'assumer ton choix beaucoup plus facilement, crois-moi. L'acceptation est à la base de tout, et elle est cruciale. SI tu acceptes, tu fais déjà une partie du chemin vers le choix et aussi la guérison.
- Mais où as-tu appris tout cela?
- C'est la vie. Elle nous en apprend un peu plus chaque jour. Pour le moment c'est ton tour.
En plus des dialogues et des discussions avec son entourage, Léa se documentait depuis quelques jours. Elle lisait énormément, sur la grossesse, la maternité, la naissance, mais aussi sur l'avortement, les suites, les conséquences physiques et psychologiques.
Elle ne voulait pas prendre sa décision à la légère.
Mais à présent, il était temps qu'elle y songe plus sérieusement. L'heure de la rentrée à l'université approchait à grands pas, et son entrée dans une des écoles qui l'acceptaient dépendrait de sa décision finale.
Après avoir lu encore de nombreuses heures sur son lit, elle se glissa dans son lit, et ferma les yeux, épuisée par tant de réflexion.
Une larme longtemps retenue glissa enfin sur sa joue.