Mise à jour du 03-04-06

Mise à jour du 03 avril 2006

La vie reprenait son cours chez Zofia et Damien, aussi normal qu'il puisse l'être dans une famille telle que celle fondée par un ancien ange et un simple humain. Chacun continuait sa vie sans celui pour qui tout le monde, malgré tout, se faisait du soucis. Damien et Zofia étaient pourtant bien inquiets pour leur fils aîné. Ils n'avaient pas encore eu de nouvelles, et savaient combien leur enfant était mal. La seule chose qui les réconfortait était qu'Alice n'était pas loin, et qu'elle était une personne de confiance.
Ils se raccrochaient à l'idée que Noah était maintenant presque adulte, et responsable de ses actes, d'autant plus responsable qu'il avait pris cette décision de renier son don. Leurs deux autres enfants étaient également leur bouée de sauvetage, ils vivaient aussi plus harmonieusement pour eux, Emilie et Gilles.
Mais malgré tous leurs efforts, leur esprit ne les laissait pas tranquille aussi facilement. Sans cesse, leurs pensées allaient vers Noah, et vers cet enfant qui ne verrait peut-être pas le jour. Ils avaient du mal à l'accepter. Mais ils étaient parfaitement conscients que les responsabilités étaient partagées entre plusieurs personnes, dont ils faisaient entièrement partie.
Seulement, on a beau savoir un certain nombre de choses, le coeur ne suit pas toujours nos envies, et ces parents fatigués qu'étaient devenus Damien et Zofia en souffraient énormément. Cet enfant, ils voulaient tant le connaître, le toucher, le cajoler, comme ils l'avaient fait quelques années auparavant avec leur fils.

Le téléphone les sortit tous de leurs noires pensées.
- Tu le prends chéri?
- Oui. Allô?
- Papa? C'est Noah!
- Noah! Comment tu vas? On attendait de tes nouvelles avec impatience.
Tout le monde releva la tête à l'annonce du prénom de l'interlocuteur de Damien, et chacun écouta le plus attentivement possible.
- Bof... on peut faire mieux. J'ai quelques trucs à te raconter.
- Je mets le haut parleur pour que ta mère entende.
- Alors pour commencer, Léa est dans la même université qu'Alice! Du coup, j'ai eu de ses nouvelles et j'ai enfin pu la voir et lui parler comme j'aurais dû le faire dès le départ.
- Mais c'est une bonne nouvelle ça!
- Ouais... si on veut.
- Quoi... elle ne va pas le garder?
- Non. Dans deux jours, elle va à l'hôpital.
- Mais... tu ne lui as pas parlé? Tu ne lui as pas dit que tu étais prêt à le garder et à fonder une famille?
- Bien sûr que si! Mais si tu crois que c'est aussi simple! Elle m'en veut, c'est normal, et elle n'a pas l'air de vouloir changer d'avis. Mais je ne peux pas baisser les bras.

- Dans les deux jours qui vont venir, je vais tout tenter!
- Mais ne la brusque pas quand même.
- De toute façon je n'ai rien à perdre!
- Si, elle.
- Non. Si je la harcèle et qu'elle s'en fout, elle va avorter et que veux-tu qu'elle veuille de moi après? Et si elle ne s'en fout pas, elle n'avortera pas et on formera une famille. C'est quitte ou double.
- Mais Noah... tu ne peux pas faire ça. Que comptes-tu faire exactement?
- Je sais pas moi, je vais lui téléphoner, lui envoyer des mails... tout!
- Et crois-tu vraiment que c'est la bonne manière?
- Attends, j'ai plus vraiment le choix! Tu en vois beaucoup toi des solutions?
- Non mais Noah, il ne faut pas devenir excessif. N'oublie pas que tu l'aimes, tu ne voudrais pas lui faire de mal n'est-ce pas?
- Mais je ne vais pas lui faire de mal! Je veux seulement l'empêcher de faire quelque chose qu'elle regrettera toute sa vie!
- Fais comme tu veux Noah, nous te faisons confiance. Mais fais attention.
Le coup de téléphone terminé, ce fut encore plus dur pour chacun de continuer sa vie normalement.

Mais le petit Gilles, qui grandissait, ne saisissait pas encore toute l'ampleur de ce qui était en train de se passer. Certes, il savait que son frère allait peut-être être papa, mais pourquoi tout cela était-il aussi compliqué? C'est vrai, après tout, avoir un enfant, c'était quelque chose de bien, et ce n'était pas censé amener larmes, conflits et tristesse.
- Maman, pourquoi Noah il veut pas d'enfant?
- Il en veut, mais ce n'est pas aussi simple. Tu comprends, il est encore jeune, il a ses études à faire, et un bébé, ça change une vie.
- Il me manque. J'aimerais bien qu'il revienne à la maison.
- A moi aussi, il me manque. Mais il faut bien qu'il parte un jour. Il n'allait pas vivre avec nous toute sa vie n'est-ce pas?
- Pourquoi pas? Moi je resterai toujours près de vous!
- Ne dis pas de bêtises!
- Bon, d'accord, mais alors j'habiterai pas loin!

- Tu iras habiter où tu veux, pas trop loin quand même j'espère, mais tu ne seras sûrement pas seul à décider mon grand.
- Qui va décider avec moi? Je veux décider tout seul moi!
- Et tu ne veux pas te marier et avoir des enfants toi?
- Si, mais...
- Alors, tu ne décideras pas tout tout seul! Ta femme ou ta copine ou ce que tu veux aura son mot à dire!
- Et alors, pourquoi Noah il peut pas dire qu'il veut être papa?
- Il l'a dit, mais Léa ne veut pas être maman maintenant. Pour une femme, c'est encore une plus lourde responsabilité.
- J'aimerais bien lui parler, depuis que y a tout ça, je l'ai presque plus vu.
- Sois patient, ça viendra.
- Je pourrais pas lui téléphoner?
- Allez, si. Mais pas trop longtemps, et tu ne l'embête pas, il est un peu triste pour le moment.
- D'accord!
Gilles sauta sur le téléphone, fier comme un paon de pouvoir former le numéro tout seul!

- Noah? C'est Gilles!
- Gilles? Mais qu'est-ce qu'il y a?
- Rien, je voulais parler un peu avec toi... ça fait longtemps qu'on se parle presque plus.
- C'est vrai, tu as raison. De quoi veux-tu me parler?
- Je sais pas! Tu faisais quoi?
- Je travaillais un peu. Dis donc petit frère, c'est bientôt ton anniversaire!?
- Oui!!!! A l'école, ils ont dit qu'ils allaient me faire un cadeau!
- Génial! Et tu aimerais quoi comme cadeau? Parce que je ne serai pas là pour ton anniversaire, mais je vais te faire un cadeau!
- Je sais pas! Tu aimerais quoi toi?
- Heu, ben j'en sais rien, c'est pas moi qui dois choisir!
- J'aimerais bien un jeu vidéo, mais maman veut pas!
- Oh mais si c'est moi qui l'offre, elle pourra pas dire non! Seulement, c'est à une condition!
- Quoi?
- Il faut que tu continues à travailler, je ne veux pas que tu joues tout le temps! Je demanderai à Emilie de te surveiller!
- D'accord, promis.
Gilles et Noah parlèrent encore pendant un moment. Cela faisait du bien à tous les deux, au plus petit c'était la joie de retrouver son grand frère et leur complicité, et au plus grand, c'était l'occasion de s'évader un peu de toutes ces pensées qui l'occupaient sans cesse.